Ses yeux vifs et son sourire pétillant de malice vont nous manquer. Terriblement nous manquer.
On ne croisera plus dans les rues d’Escaro sa frêle silhouette dont la tête dépassait tout juste du volant de son vieux C15 à l’embrayage fatigué. André Margail s’en est allé. Rejoindre d’un pas un peu lassé Simone, son épouse adorée, dans leurs vergers de pommiers et de cerisiers de la voie lactée.
A 91 ans, André a donc pris la clé des champs. Un âge plus que raisonnable pour tirer sa révérence avec élégance. A l’image, finalement, de l’homme qu’il fut tout au long de sa vie. D’une profonde humilité.
Fils de Lucien le cantonnier et de Marie d’Aytua, André Margail formait avec Pierre Nogues et Claude Grau, une première ligne de choc. Pionniers, d’abord, de la folle épopée de l’équipe de rugby à XIII des mineurs d’Escaro dans les années cinquante. Puis, plus tard, trio alerte des chantiers collaboratifs du village, traquant les fuites d’eau, remontant les murets ou rebouchant les ornières.
Toujours sur le front, André était engagé dans toutes les actions des associations. De la préparation des luttes au sein de l’Esquirol, ou de la participation aux fêtes et aplecs de Mémoire de la mine, en passant par son investissement au sein de différents conseils municipaux, André Margail cultivait un sens aigu du "vivre ensemble". Nourrissait un profond et sincère attachement à la collectivité. Lui, qui fut professionnellement de toutes les aventures de la "coopé ouvrière et familiale" d’Escaro. Servant avec dévouement et empathie les familles de mineurs en pain, huile, olives, conserves et autres produits de première nécessité. Puis, plus tard, après la fermeture des mines, s’investissant tout autant dans la coopérative de Corneilla-de-Conflent, où avec son cousin Jocelyn, ils ne comptaient plus le nombre de caisses de pommes, de poires ou d’abricots, remuées et montées jusqu’à la 7ème marche de la pile.
André Margail possédait en outre un talent inné pour le chant et la comédie. Ses prestations en catalan au sein de la Compagnie du Tres Estelles réjouissaient les salles où se produisait, un peu partout en Conflent, cette joyeuse troupe de gais troubadours dirigée par Ramon Gual. Que ce soit affublé d’une calotte de curé, d’un bonnet de nuit à pompon ou d’un chapeau Stetson de cowboy, André avait le don précieux de rendre les gens heureux à chacune de ses interprétations.
Oui, ses yeux vifs et son sourire pétillant de malice vont assurément nous manquer. On ne croisera plus sa frêle silhouette prenant le soleil sous la treille de la petite terrasse de la rue de la Forge. Adéu-siau, André !
Par la voix de l’Association Mémoire de la mine, l’ensemble de la population d’Escaro présente à Jean-Michel, Agnès, Carole, Marlène, Laurent, Joseph et aux familles Margail, Grau, Cazenove, Penacchio et Delcasso, ses plus sincères condoléances.
📸 Photo © Jean-Luc Bobin / Association Mémoire de la mine